Les activités carnavalesques de 2025 se tiendront à Fort-Liberté (Nord-Est d’Haïti) du 2 au 4 mars sous le thème "Haïti debout". Ces fastes marquent une première dans les annales de cette ville historique et touristique fondée en 1578 par les Espagnols. Des ténors du carnaval, T-Vice, Kreyòl La, RAM, Boukman Eksperyans, Rèv et Tropicana d’Haïti, auraient déjà confirmé leur participation. Qu’en est-il pour, Amò, Edjens Love, Bel Look, Katabra, Olympia, Kat Las, Tanbou Ayizan, Sweet Konpa… des groupes culturels du Nord’Est ?
Le carnaval en Haïti est une activité socio-culturelle réunissant toutes les couches de la société. Cette année, elle se tiendra à Fort-Liberté, ville côtière, chef-lieu du département du Nord-Est, à une distance de 220 kilomètres de Port-au-Prince, du 2 au 4 mars de cette année. C'est le ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Delatour, qui en a fait l'annonce et le Secrétaire d’État à la Communication, Bendgy Tilias, l’a repris sur son compte X (anciennement Twitter).
Le carnaval en Haïti : un héritage colonial métissé
Le carnaval national haïtien est une véritable manifestation socio-culturelle issue de multiples traditions ethniques. Cette fête mondaine, venue de l’Europe primitive a été introduit dans l’île par les Espagnols, allie les rites africains et atavismes indiens aux mœurs occidentales pour la gratification de toutes les réjouissances durant l’époque coloniale. En 1729, le clergé catholique tenta d’interdire le carnaval à Saint-Domingue. Il se buta à l’opposition farouche des colons. L’année suivante, en 1730, on assista à la première tentative de politisation du carnaval dans la colonie dominguoise où les fêtards se déguisèrent en prêtres et débitèrent, tout le long de leurs parcours, des injures graves et publiques à l’endroit des dirigeants de l’église catholique et de la colonie. Après l’indépendance d’Haïti (1804), le carnaval devint une vraie commémoration avec des ramifications régionales.
En Haïti : le carnaval, élément des forces politiques depuis Antoine Simon jusqu’à nos jours
Antoine Simon est l’un des présidents haïtiens (1908–1911) qui effectua certains changements structurels dans l’organisation du carnaval en Haïti. Progressivement, le carnaval évolua en tableau d’exposition des mœurs et des méfaits des élites que la population tournait en dérisoire dans des scènes tragi-comédies. Le plus fameux fut le général Charles Oscar Etienne (Chaloska), attiré de déshonneur pour avoir massacré la population carcérale de Port-au-Prince à la veille de la première occupation américaine d’Haïti (1915–1934).
Malgré les oppositions au temps de l’occupation américaine, le carnaval résista et persista. Le président Sténo Vincent l’a fait son véritable cheval de Troie pour maintenir son pouvoir (1930–1941)… Presque tous les dirigeants haïtiens allaient reprendre l’attitude bambocharde de Vincent pour garder la population haïtienne dans la crasse au profit d’une politique de déambulement musical et de déhanchement.
"Tèt Kale" régente le carnaval depuis la présidence de Martelly
Michel J. Martelly, chanteur à succès au verbe salé et pimenté qui vomissait souvent des propos sulfurants, sexistes, voire misogynes et exhibait même ses fesses, sous le pseudonyme de Sweet-Micky, est devenu le 56e président d’Haïti sous la bannière de "Repons Peyizan" en 2011. Le président-chanteur, roi du carnaval, déplaça les sièges du carnaval haïtien de Port-au-Prince vers les Cayes (Sud d’Haïti) et le Cap-Haitien (Nord d’Haïti) en 2012 et 2013, tout en relançant le carnaval des fleurs sur son règne.
Jovenel Moise, a repris la même politique de son prédécesseur "Tèt Kale" Michel Martelly, en organisant le carnaval national haïtien dans des villes hôtes autres que la Capitale. Depuis son dernier carnaval en 2021 à Port-de-Paix, quelque mois avant son assassinat, le carnaval national haïtien n'a pas été organisé. Par ailleurs, ces dernières années, sous le gouvernement du premier ministre Ariel Henry, seules des festivités carnavalesques limitées ont été organisées dans plusieurs villes de province, ainsi qu'à Port-au-Prince en 2022, 2023 et 2024.
Fort-Liberté : ville hôte des Festivités carnavalesques 2025, CPT sur les pas de Tèt Kale ?
Tout le monde n'a pas le cœur à la fête, alors que les situations économique et sécuritaire du pays ne s'améliorent pas. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) signe le retour du carnaval national haïtien en 2025 et le Chef-lieu du département du Nord-est accueillera ces fastes du 2 au 4 mars sous le thème " Haïti debout". «Cette cité historique sera transformée en un écrin de couleurs, de rythmes et de célébrations », a écrit sur son compte X le Secrétaire d’État à la Communication, Bendgy Tilias.
Le choix de Fort-Liberté comme ville hôte du Carnaval national 2025 vise à mettre en lumière le riche patrimoine historique et culturel du Nord-Est, tout en contribuant au rayonnement de cette région. La ville de Fort-Liberté est stratégique pour tirer parti de la proximité avec la frontière dominicaine, elle peut faciliter la logistique et l'accès aux principaux groupes. Plusieurs ténors du carnaval haïtien, tels que T-Vice, Kreyòl La, RAM, Boukman Eksperyans, Rèv et Tropicana d’Haïti, auraient déjà confirmé leur participation, à condition qu’un minimum de sécurité soit assuré, a déclaré Akinson Bélizaire dit Zagalo à ce sujet le vendredi 17 janvier 2025 à l'émission Lekòl Lage sur Magik 9, une station de radio émettant depuis Port-au-Prince.
Fort-Liberté est le chef-lieu du département du Nord-est. Ville côtière, située à 55 minutes de la ville du Cap-Haitien. Il n’y a aucune activité industrielle dans cette ville. Cependant, les activités économiques les plus courantes auxquelles se livrent les forts-dauphinois sont : la pêche, l’agriculture, l’artisanat, et le commerce. Les trois premières sont pratiquées de manière rudimentaire.
Que ces activités carnavalesques de 2025 qui se dérouleront à Fort-Liberté, ville paisible et propre, du 2 au 4 mars, soient le début de son lancement économique et culturel avec Amò, Edjens Love, Bel Look, Olympia, Kat Las, Tanbou Ayizan, Sweet Konpa et Katabra, des figures légendaires sur le plan culturel du département du Nord’Est. Que ce département, à partir de ces fastes, retrouve sa place sur la carte touristique mondiale en mettant en exergue les sites de Terrier-Rouge, Caracol, Trou-du-Nord, Vallières, Grand-Bassin, Bayaha, entre autres, les huit forts historiques de la région souvent méconnus du grand public.
Claudy Angrand
Le Nouvel
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