Haïti, Un monde à l’envers par Sème RIVIÈRE

La vie est  imprévisible, il est impossible de savoir avec certitude  son issue, cependant tout est là ; ainsi le malheur et le bonheur nous accompagnent constamment. Il est souvent conseillé de ne pas regarder en arrière. Il  est plutôt recommandé d’aller droit son chemin en ne fixant que l’objectif à atteindre ; mais comment ne pas avoir les yeux rivés sur le rétroviseur de l’existence lorsqu’on se trouve confronté à la dure réalité de la vie de ce pays ? Il devient donc difficile de ne pas avoir la nostalgie du bon vieux temps. Il est dit que l’habitude tue son maître chaque jour, mais face à la dureté, à la férocité, à l’atrocité, à la terrifiante situation vécue au jour le jour, personne n’est à  même d’oublier ou de ne pas avoir envie de renouer avec les anciennes bonnes habitudes. L’autre a dit dans l’une de ses chansons, qu’on a mis le feu à son paradis; puisqu’on a converti Haïti purement et simplement en un véritable enfer, on n’a qu’à lui rendre hommage en applaudissant très fort sa déclaration, du moins sa criante révélation; car c’est un réel constat.   

Dans presque toutes les familles on a appris aux enfants à développer et à pratiquer le respect mutuel, en évoluant dans une atmosphère de tolérance, de bienveillance en considérant la vie comme l’un des cadeaux les plus précieux de la nature. C’était plus que normal d’apprécier les choses à leur juste valeur. Il fallait tout mettre en place, et chaque chose était à sa place. Dans un tel contexte l’état symbolisait l’autorité, l’autorité absolue même; et l’exemple venait d’en haut ! Trop beau pour être vrai ! Subitement le pays a effectué un virage de 360 degrés; tout est basculé. On ne sait plus qui est qui et on  ignore qui fait quoi, c’est un véritable branle-bas, tout est enchevêtré, on a du mal à établir le distinguo. L’initiative ne vient plus de ceux qui devraient détenir la clef des entreprises ; l’écho loin de partir de la montagne, résonne tout bonnement dans la vallée, et tous ceux qui, le plus naturellement du monde, devaient donner le ton à la chanson, attendent avec anxiété que le son parvienne de l’autre côté de la barricade. Dans ce tohu-bohu les directives changent de main, la rue fait la loi, et le temple sacré acquiesce, il obéit. La peur change de camp. La chaine de commande n’est plus la même; ceux à qui était dévolue la mission de donner des ordres, se voient contraints d’écouter ceux qui, normalement, devraient attendre leur mot d’ordre. On vit carrément dans une société sens dessus-dessous .On se retrouve dans un monde à l’envers. 

De société hiérarchisée, on passe tout bonnement dans une communauté très proche de l’anarchie. Curieuse constatation tout ce que les autorités constituées sont incapables de réaliser, le camp opposé l’impose, l’établit, le fait appliquer avec la dernière rigueur. Qui l’aurait cru, qui l’aurait imaginé ! Pourtant c’est la réalité. Haïti est devenue un pays de controverses, un coin de terre où l’impossible est possible, et l’inimaginable est tout simplement monnaie courante. On n’est pas en guerre, pourtant on ne peut pas vaquer librement à ses occupations; on n’a plus la liberté de circuler; passer d’une région, d’une contrée, d’une localité à une autre, d’une province à la capitale, se résume en une véritable odyssée. La vie est pratiquement paralysée.

On aura donc tout vu dans cette moitie d’ile de la Caraïbe ! Mais a-t-on le droit de se demander à quand le redressement de la situation ? Ne va-t-il pas avoir une dernière goutte d’eau qui ferait renverser le vase ? L’avenir et le temps apporteraient la réponse. On ne sait jamais, peut-être le temps dira le reste…

Sème RIVIÈRE,

30 décembre 2024, Terrier-Rouge.

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