Jeudi 21 novembre 2024, devant le congrès national du Chili à Valparaiso, Emmanuel Macron, le président français, tente de rectifier ses propos outrageux à l’endroit des Haïtiens. Il a évoqué le soutien de son pays à Haïti et à toutes les initiatives qui visent à rétablir la sécurité et recréer un chemin vers une stabilité politique.
Par ailleurs, en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro (Brésil) Emmanuel Macron s'est fendu sans filtre des propos controversés à l’encontre des Haïtiens. "Là franchement, ce sont les Haïtiens qui ont tué Haïti, en laissant le narcotrafic… Et là, ce qu'ils ont fait, le Premier ministre était super, je l'ai défendu, ils l'ont viré…C'est terrible. C'est terrible. Et moi, je ne peux pas le remplacer. Ils sont complètement cons, ils n'auraient jamais dû le sortir, le Premier ministre était formidable", en appui à M. Garry Conille qui a été limogé le 10 novembre de sa fonction de premier ministre en Haïti, a rétorqué le dirigeant français.
Entre temps, L’ambassadeur de France, le diplomate Antoine Michon, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères, le chancelier Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, pour s’expliquer sur les paroles jugées inacceptables d’Emmanuel Macron contre les membres du conseil présidentiel de transition (CPT).
En Haïti, des intellectuels, entre autres, critiquent les déclarations du chef d’état français et estiment que vraiment les conseillers présidentiels prêtent le flanc à la critique. Un peu partout, une avalanche de réactions fustige les propos de Macron, c’est le cas du politologue Joseph Arold Pierre ; se référant à l’histoire d’Haïti, il affirme que le président français n’a aucune autorité morale pour tenir une telle déclaration. Pour le diplomate Pierre Antoine Louis, l’arrogance du pensionnaire de l’Elysée est un affront de plus à la République d’Haïti. Le spécialiste en relations internationales martèle que ces propos sont grossièrement "napoléonique" et constitue une violation à la Convention de Vienne de 1961.
À noter qu’Haïti, ancienne colonie française, a été forcée de verser une indemnité ahurissante à la France en échange de la reconnaissance de son indépendance fièrement conquise par les armes au dépend d’une coalition armée européenne menée par le général français Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau le 18 novembre 1803. Le paiement de cette somme par Haïti à l’Hexagone tout au long du XIXe siècle a entravé l’économie haïtienne, étranglé son développement et suscite de vives interrogations sur sa légalité, considérant que l’esclavage est un crime contre l’humanité. Une "indemnité" qui sème la polémique dans les deux camps jusqu’à ce qu’un président français, François Hollande, était engagé à "acquitter" la dette de la France envers Haïti dans un discours prononcé le 12 mai 2015.
Claudy ANGRAND
Le Nouvel
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