Nemours Jean Baptiste, né le février 1918, pour avoir inventé le style et l’identification musicale ambiante de son terroir, reste et à demeure un musicien-innovateur hors pairs, à l’architecte du rythme le plus populaire d’Haïti, le ‘’Konpa Dirèk’’, qui, aujourd’hui est internationalisé. Ce rythme a connu, Durant la décennie 1970-1980, un grand succès dans la caraïbe et a donné naissance au zouk dans les Antilles françaises.
Le ‘’Konpa Dirèk’’, fondé officiellement le 26 juillet 1955 sur la place Saint-Anne, dans la capitale haïtienne par Nemours Jean Baptiste et ses pairs. Ce phénomène de l’époque va faire jaser même les plus récalcitrants dans les cocktails dansants à Radio Port-au-Prince, au Club Camaraderie, au Casino International, à Cabane Créole, au Palmiste Night-club ; que ce soit dans les ciné-festivals du Rex, de Lido, de Magic Ciné, de Riviera … ; que ce fut dans les soirées dansantes aux Calebasses Night-club, au Paladium Night-club à Carrefour, à Cabane choucoune et dans les villes de province. En créant le ‘’Konpa Dirèk’’, Nemours Jean Baptiste voulait créer un rythme commercial pouvant concurrencer avec les autres rythmes étrangers, Rapporte Olso Antonio Doréus dans son mémoire de sortie à l’IERAH/ISERSS de l’Université d’État d’Haïti. Nemours explique sa vision du Konpa à travers cette chanson : ‘’Yo fè yo voye ban nou… N ap fè voye ba yo tou.’’
Près de 70 ans après, en dépit des soubresauts et aléas de la vie socioculturelle en Haïti, le ‘’Konpa’’ résiste contre vents et marrées. Aujourd’hui, il associe différentes influences du terroir et des courants rythmiques afro-américains pour s’imposer en référence. Le ‘’Konpa’’ acquiert des muscles, bascule les tendances et conquiert la plus large audience du pays. Il n’a pas cessé d’apporter du bonheur aux cœurs des mélomanes d’ici et d’ailleurs.
Fortement influencé par le jazz, le ‘’Konpa Dirèk’’ charrie tout son charme, son romantisme et son érotisme. On arrive même à parler de ‘’Kompa-love’’ où l’expression sentimentale est aperçue et le ‘’danse ploge’’ est exigé. Au-delà de la mosaïque culturelle haïtienne, on constate, bon gré, mal gré, la fusion des genres musicaux attachés à l’alma mater: Konpa Melas, Konpa Rousi, Konpa Manba, Konpa Zouk, Konpa Dijital, Konpa Rap, Konpa Rabòday, Konpa Malouk, Konpa Matchavèl, etc. Pour garder leur public en liesse et gérer leur superstar, des groupes musicaux et même des DJ (disc -jockeys) se trouvent dans l’obligation de s’embrancher ou se parasiter à l’arbre musical immortel de Nemours. Qu’il plaise à quiconque de reconnaitre que le ‘’Konpa Dirèk’’ garde sa paternité dans la grammaire musicale haïtienne.
Pour la pérennisation du "Konpa Dirèk", l’État doit prendre des mesures en vue de sa valorisation continue sur le territoire. Quant aux médias (traditionnels ou en lignes), qu’ils cessent de diffuser à outrance la musique étrangère au détriment du ‘’Konpa’’. Quant aux groupes musicaux, qu’ils comprennent l’état de l’insécurité financière des jeunes en Haïti qui, souvent, n’ont pas de moyens pécuniaires pour payer l’admission des spectacles, ils préfèrent se faire défraichir leur fleur de jeunesse par l’alcool dans les programmes en plein air dénommé: Atè plat, Ti sourit, Car wash… en psalmodiant des refrains vils, infâmes et avilissants.
Après la soupe au giraumont (Soup joumou), la cassave de la République d’Haïti, le ‘’Konpa Dirèk’’ est candidat à l’inscription sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, dans le cadre de la convention de 2003 de l’Unesco. Une occasion exceptionnelle de faire revaloir la culture haïtienne au cœur de l’humanité pour que le monde danse au pas d’Haïti.
Le Nouvel
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