Au temps jadis, lorsque le mois de Décembre s’annonçait, on avait le droit de tout espérer. On pouvait se permettre de mieux respirer, car dans l’imaginaire haïtien on s’attendait à avoir les mains pleines, en effet les cadeaux allaient venir de toutes parts.

Dans le temps à pareille époque de l’année les gens se montraient plus conciliants, plus compréhensifs, plus généreux, plus proches les uns des autres, et surtout plus solidaires. C’est le moment d’échange, le temps de donner sans compter, le temps de partage. Comme tout a changé, puisque tout a basculé dans la mauvaise direction, à l’heure actuelle, ce n’est plus le cas ; les citoyens de ce pays, les résidents de cette moitié d’île de la caraïbe vivent en permanence dans l’anxiété, dans la peur ; ils deviennent presque tous les nomades des temps modernes, pace que le plus souvent ils sont contraints d’abandonner leur domicile, ils n’ont plus une demeure fixe, ils sont toujours prêts à chercher refuge chez des parents, des amis jugés vivant dans des quartiers jouissant d’une tranquillité approximative, des endroits plus ou moins paisibles ! Aujourd’hui le mot de solidarité n’a plus la même signification, on ne manifeste sa solidarité que dans le mal.

De moment d’allégresse, de joie, de réjouissances, de saison d’enthousiasme, de soutiens mutuels, Décembre se convertit le plus naturellement du monde en une période de branle-bas, une époque de casse-tête, de grogne, de pincement de cœur et de larmes incontrôlables. C’est tout juste un instant non désiré où la peur, la crainte, les tourmentes s’installent dans tous les foyers. C’est révolu le temps d’entente fraternelle, on est de préférence sur le qui-vive, on arrive jusqu’à éliminer chez les citoyens d’Haïti même le plaisir d’espérer, on perd jusqu’au goût et au sens de la bonne humeur, en Décembre par les temps qui courent on ne vit plus, on s’affole  tout simplement !

Sème Rivière